L’hiver a semblé long et la morte saison a marqué de tristesse notre vitalité.
Les réseaux, les nouvelles, et le peu de lumière ont puisé nos ressourcesjusqu’à nous réduire à ne plus oservivre qu’à l’ombre de nos vies.
Heureusement, c’est le printemps !
Eteindre les écrans et ouvrir la fenêtre…Dire bonjour aux passants, créer du lien, renaitre à l’envie d’apprécier les petites choses fugaces qui embellissent la vie dans notre quotidien.
Voilà ce qu’il nous faut.
C’est le printemps !
Il éclate en plein jour, et le chant des mésanges recale la tristesse dans un sombre passé.
Légère, fragile, la beauté tient sa place dans notre monde de manière pérenne.
A nous de savoir lui laisser l’espace nécessaire pour qu’elle s’épanouisse à nos côtés.
Oh non, je n’oublie pas!
Le monde ne va pas bien et il est difficile parfois de s’y sentir heureux.
Maissouvent la laideur est un mal transitoire qu’il serait sage de savoir traverser avec conscience d’un lendemain meilleur.
Alors… comme c’est le printemps… je me disais…
Cessons de nouslaisser piéger de noirceur, et nourrissons les forces positives qui sont en nous.
Sortons! Ou si l’on ne peut pas sortir, laissons entrer la jolie saison à l’intérieur de nos vies:
Après une averse printanière, la forêtrespire de bonté. Les bourgeons craquants exprimentleur jeune âge mêlant leur couleur tendreà l’éclat du reflet de l’eau fraichement tombée.
Le sol exhale ce parfum pesant de terre lourde, qui nous promet la vie d’un éco système en pleine activité.
Le chant des mésanges à peine sorties du nid, le saut des écureuils joueurs et indiscrets, les flaques accueillantes pour le bain des oiseaux , les sorties en famille de quelques escargots et les rayons du soleil encore timide et frais…
L’instantest évident.
Pas de mode d’emploi, juste un mode de vie.
Tu sors. Tu respires, tu touches, tu admires, tu écoutes… tu apprécies …
La Nature est immense dans ce qu’elle a de plus petit, et cerai de lumière sur la goutte de pluie remet en perspective les microcosmes que sont nos vies.
Défi algomuse : incipit: vers de P. Verlaine en gras .
Quelque chose du coeur, enfantin et subtil, surgit un beau matin aux abords de l’abime. Une frayeur inconnue, inconsciente et primale, mêlée de volontés et d’instinct animal.
Vivre un peu plus longtempsvous donne àcultiver le terreau de promesses qu’un jour, on vous a fait. La jeunesseégarée sous un tas de souvenirs , sous une pile de passé demande à revenir.
Avoir peur de demain, réfléchir à la vie, et s’inquiéter que l’autre puisse être inquiet de soi. Devenir fragile sous des abords rugueux est beaucoup plus subtil, et malicieux parfois.
Vieillir en pleine conscience,pour se venger d’hier, et remercier demain de ne pas être encore.
Un oblique rayon venu dont ne sait où, rendait la vue plus douce et l’ambiance magique.
La campagne reflétait l’aurore matinale et le calme bluffait le promeneur discret.
Qui pourrait deviner les fêtes clandestines qui sedéroulent la nuit, dans ce coin de forêt?
La nature nous ment.
Elle vit, sans nous convier, de merveilleux instants qui nous sont interdits. Les hérissons bavardent en boule sous les fourrés, partageant quelques vers –à chacun sa tournée.
Les lapins font la fête, ils sautent et cabriolent jusqu’àl’heure du renard qu’ils regardent passer en rigolant sous cape du fond de leurs terriers. Les sangliers qui fouissent et retournent le sol sont les seuls à laisser quelques traces de passage. Puis quand finit la fête, que l’heure est arrivée de reprendre la place de l’animal traqué, le vigile joue son rôle.Il hululesans cesse pour que tout ne paraisse dès le leverdu jour qu’« ordre et beauté, luxe calme et volupté ».
Sous les rayons de lune la nature s’éveille et répand la magie que l’homme ne peut dompter.
Le promeneur matinal mérite cet enchantement, il respire les embruns de la félicité.
Expressions à utiliser : « bon pied , bon oeil » et « a chemin battu, il ne croît point d’herbe »
Autres contraintes algomuse: le passionné, frisson, tribunal
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Bon pied bon oeil, il traverse la salle des pas perdus, léger comme un promeneur en quête de quelques champignons….
Trottinant derrière lui, son avocate sourit. Officiellement commise d’office, elle est officieusement conquise et complice. Tout lui plaît chez ce client: le tempérament de l’homme, la cause défendue, et surtout la passion forte et ensorcelante qui anime le personnage.
Le juge, un brin moqueur:
- Monsieur Dubois, encore vous! Vous m’êtes bien sympathique mais il s’agirait d’éviter ce passage récurrent devant la cour. Nous avons beaucoup de dossiers à traiter et votre charmante folie attire les fâcheux.
Expliquez donc en quelques mots l’objet de la convocation du jour.
( monsieur Dubois) - J’avoue tout, monsieur le juge! J’aime courir à travers bois. Je caresse l’écorce blanche du bouleau. J’hume les jacinthes mauves, les jonquilles jaunes, le muguet blanc, je foule des pieds nus la mousse ….
( la procureure) - VERTE! Nous l’avons compris! Venez en aux faits, monsieur Dubois!
Cassante, la procureure avait beaucoup de mal à garder son calme face à cet être solaire que rien ne semblait entraver.
( monsieur Dubois) - Mais… de quels faits parlez-vous madame la procureure? Je ne sais de quelles accusations, je fais l’objet?
( la procureure) - L’outrage à la pudeur monsieur Dubois! L’outrage à la pudeur !
Une classe entière de jeunes enfants a été choquée à la vue de votre euh…..de votre … euh…. enfin vous voyez!…et tout cela en pleine forêt!
Le juge inquiet, n’y entendait rien.
- De quoi parlez-vous , madame la procureure? Soyez plus claire!
( la procureure) - Je parle de votre atelier clandestin! Monsieur Dubois!
35 têtes blondes vous on vu ériger ce totem en plein air! Nombreux sont ceux qui furent parcourus de frissons à la vue de la danse tribale et des cris gutturaux qui accompagnaient votre oeuvre.
Il va de soi que la jouissance exprimée lors de votre rituel manque quelque peu de retenue!
( monsieur Dubois) - Mais enfin, nous érigions un cairn, madame la procureure.
Empiler des pierres et des bois n’est pas illégal, et c’est très satisfaisant. Avez vous été satisfaite dernièrement?
Pour les chants, c’était improvisé, mais fort plaisant. D’ailleurs , la petite classe s’est mis à chanter elle aussi, et je crois qu’ils ont tout donné!
Saviez-vous que laisser s’exprimer le cri profond qui est en soi, permet de mieux s’ancrer dans notre réalité pour élever notre âme au plus haut, sans quitter la terre?
Quant à la clandestinité de notre atelier….Je ne sais quoi répondre…
( la procureure) - Et bien, je vais répondre à votre place monsieur Dubois…. On dit que des baignoires de boue creusées à même le sol vous serviraient de bassin de « prélassement »… Certains reviennent de chez vous, sales comme des cochons, et le sourire béat…
( monsieur Dubois) - Mais ils ne reviennent pas de chez moi! Ils reviennent du bois, tout comme moi! La clairière abrite quelques anciens marécages riches en bienfaits…qui si je puis me permettre vous feraient le plus grand bien.
Madame la procureure, ne dit on pas « a chemin battu il ne croit point d’herbe…»?
Je le bats ce chemin madame la procureure, je le bats depuis plus de vingt ans, quelque soit la saison, à tel point qu’il en est devenu sentier …
J’aime me nourrir de l’énergie de ces bois, et j’aime partager les bienfaits qu’ils procurent.
Ces enfants étaient en classe verte, et je doute qu’ils aient regretté cette immersion au sein de leur terre d’accueil.
( la procureure) - Et vous voudriez me faire croire qu’il n’y a rien de plus naturel que de laisser sa nature aller en pleine nature ? Et tout cela sans se soucier de la loi! Monsieur le juge vous conviendrez que cet homme a des déviances à garder sous contrôle!
( le juge) - un dernier mot monsieur Dubois, avant que je rende mon verdict?
( monsieur Dubois) - Je me soucie de la Loi, monsieur le juge, surtout quand cette Loi est celle de la nature!
( le juge) - Très bien . Merci.
Madame la procureur, monsieur Dubois, je prononce un non lieu pour ce qui me semble être un non forfait. Néanmoins et pour que chacun puisse profiter à son aise sans qu’il n’y ait de méprise sur l’intentionnalité de la démarche, je préconise de signaler ce lieu d’un panneau « attention terre d’accueil, risque de retour aux sources! »
Je les trouve super longs les jours courts cette année… Je comprends les hérissons. Eux se logent à l’abri et laissent passer l’hiver… je doute qu’ils se soucient de l’année qui s’achève et plus encore de celle qui commence. Seul compte l’appel du renouveau aux premières chaleurs.
Ils ont raison.
Je ne dis pas que nous devrions tous aller nous coucher jusqu’en mars prochain, mais que nous devrions nous réchauffer près des sources de chaleur ( amour et amitié, espérance,bonheur à partager… bref toutes ces choses que l’on se souhaite à tous…) pour sortir forts, confiants et heureux de commencer cette nouvelle année.
Le soleil de décembre est l’un des plus jolis.
Il est un peu fatigué, froid, sec et cassant, éphémère et précieux. Nostalgique des saisons passées, il ne se fatigue pas aux promesses d’avenir.
Il est juste là - pour quelques heures. A nous d’en profiter, suffisamment couverts pour ne pas s’y bruler…de froid.
Il faut beaucoup de vie et d’amour dans les coeurs pour supporter les fêtes et la saison d’hiver.
L’air est riche en décembre ou est-ce notre acuité qui s’accroit. Les gens exhalent leurs joies, leurs peines, leur fatigue, leurs inquiétudes et frustrations avec tant de puissance, que le filtre des masques n’y peut rien changer.
Les chalets du marché de Noël sont à nouveau sortis et je me prends à rêver de magie et de paix en me ruant comme tous, dans des contingences matérielles futiles, mais utiles à la nécessité de perpétuer .
Mille et une journées sont passées depuis peu, et je ne grandis pas. Mon envie de douceur et de joie reste intact, et ma sensibilité prégnante.
A croire que de « vieux sage » il n’y a pas. A moins que je ne sois pas assez vieille encore, ou que le monde vieillit plus vite que moi, ou bien encore que je suis vieille depuis que je suis née, et que donc pour moi, rien ne change .. oui c’est ça…
C’est sûrement cela… je suis née vieille, dans un monde vieillissant.
Les librairies regorgent d’ouvrages sur le développement personnel, comme autant de promesses de bien être pour la future année. « Comment lâcher prise en dix lecons, oubliez vos soucis et prenez soin des autres, le bonheur est au fond du frigo…etc… »
Comme si la solution à nos questions s’y trouvait…
Le « « vieux sage » de naissance que je ne suis pas » croit que la clé n’est pas en librairie.
Pas cette fois!
Non, la clé est dans ce rayon de soleil d’hiver qui reflète sur les quelques rares feuilles encore accrochées aux arbres, l’éphémère et intense goût du bonheur.
Ce qui est finalement une très bonne nouvelle, car le soleil brillera je pense encore l’année prochaine et celles qui suivront!
Parfois, je croise des gens, et j’entame la conversation, juste pour quelques mots... et voilà que je débute la promesse d’une amitié furtive et éphémère.
Echanger un sourire, un conseil ou plus encore, c’est desserrer le couvercle difficile d’un bocal et laisser croire à l’autre que c’est lui qui l’a fait.
C’est agréable, désintéressé, enrichissant et satisfaisant.
D’ailleurs une « amitié éclair » a cela de bon qu’elle ne se joue de rien. Elle ne cherche pas à plaire, elle est - tout simplement.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle il est souvent douloureux ou juste décevant de constater que la magie d’une première rencontre s’estompe dès la seconde.
Enfin, pas pour tout le monde…
Certaines personnes ont ce truc…. Ce truc qui fait que d’un simple contact, elles construisent le début de quelque chose.
Ce truc un peu magique de conserver d’une « première rencontre » , l’ingrédient nécessaire à chacune des fois qui suivront.
Ce sont des collectionneurs d’instants éphémères qui peignent la vie telle une fresque pointilliste à coups de hasards et d’opportunités saisies, de rencontres et d’échanges, uniques mais réitérés maintes et maintes fois, comme tout autant de premières fois.
Ils créent du lien et l’entretiennent.
Ce truc, je crois, c’est simplement d’aimer les gens à tout instant et pas seulement parfois. Ce truc, c’est accepter que le couvercle du bocal que l’on vous tend ait été desserré pour vous également avant.
Echanger n’est pas à sens unique, et dans les deux sens il semblerait que cela soit: agréable, désintéressé, enrichissant et satisfaisant.
« je pense que cela veut dire que les rencontres de hasard sont importantes pour le bien-être des gens. »